Interview - 01 décembre 2006

Interview de Asher Ash, auteur, spécialement réalisée par Magaly pour le Fan Mag numéro 2.

Comment trouvez vous l’inspiration?

Pas de mystère : dans l’observation du quotidien, les petites histoires de tout le monde qui font les souvenirs + quelques rêveries et fantasmes.

Quelle est votre méthode de travail?

Je me mets tout simplement à ma table de travail et je m’imprègne longuement de la musique sur laquelle je dois écrire. Je ne quitte pas le clavier jusqu’à ce que ce soit sinon terminé du moins bien avancé. J’ai tendance à commencer par les refrains car se lancer trop avant dans une « histoire » sans les tenir serait gênant ! En cas de blocage, je vais marcher un peu. Et surtout je laisse refroidir jusqu’au lendemain pour la touche finale.

Combien de temps mettez vous pour écrire un texte? Revenez vous régulièrement dessus avant de le finaliser?

Elsa C’est très variable. Cela dépend avant tout des musiques, lesquelles sont la plupart du temps conçues en premier. Il existe souvent une voix témoin sur les maquettes, il faut alors se caler parfaitement dessus. C’est très délicat dans le cas d’une adaptation à partir de l’anglais, on est libre d’écrire ce qu’on veut dans l’absolu mais il faut que « ça coule ». Les rythmes de cette langue et ses accents toniques sont très différents. Sinon, passer trop de temps sur un texte est mauvais signe ! Il est cependant recommandé de revenir dessus « à froid », histoire de trouver le mot qui manque ou de changer un détail qu’on n’aurait pas vu « la tête dans le guidon ».

Avant d’écrire un texte, rencontrez-vous le chanteur ou la chanteuse? Y a-t-il une rencontre qui vous a le plus marqué?

Il vaut mieux rencontrer les interprètes, ça aide pour cerner leur personnalité, connaître leurs attentes. Je n’en ai pas eu besoin avec Elsa car nous sommes très proches. Mais laisser place à l’imagination c’est pas mal non plus ! Concernant les rencontres, j’ai été très impressionné par la simplicité, l’humilité et la générosité d’Etienne Daho.

Avez-vous une mélodie ou un rythme en tête quand vous écrivez un texte?

On m’a jusqu’ici demandé d’écrire sur des musiques déjà prêtes, mais quand j’écris pour moi, « à blanc », j’ai effectivement un air qui me vient. Du coup ça limite un peu le propos, mais il faut bien structurer la chanson, c’est la loi du genre. Même pour le titre « Connexions » qui a l’air très libre par son débit, c’était en fait extrêmement structuré. Il y avait un timing très précis à respecter et même certaines sonorités que je souhaitais conserver de la maquette originale sur laquelle Elsa lisait admirablement… un journal !

Quel style de musique écoutez-vous?

Aucune limitation sur ce sujet ! Je suis avant tout passionné de classique, du baroque au contemporain, un peu moins spécialiste en jazz mais grand amateur du genre, ainsi que du blues. Par ailleurs j’ai une forte inclination pour le rock des 70’s : Stones, Beatles, Who, Hendrix, Led Zeppelin, King Crimson ou Pink Floyd et plein d’autres moins connus. C’est un univers inépuisable. Elsa, qui a quelques années de moins que moi au compteur, m’a fait découvrir des groupes plus récents comme Dodgy, Coldplay ou Sigur Ros, et un peu initié au « drum n’ bass ». Parmi les musiciens actuels je citerai Air et Radiohead. Je reconnais ne pas être très intéressé par la chanson française, même « nouvelle scène ». A part les grands anciens, Gainsbourg avant tout. Et quelques exceptions parmi les plus récents, comme Renaud Papillon Paravel, Nosfell ou M. Dans un style plus « variété » j’aime bien Raphaël.

Avez-vous déjà écrit pour des interprètes étrangers?

Oui, pour Césaria Evora et Luz Casal. Mais ça n’a pas abouti. Ou pas encore !

Vous avez écrit pour Elsa (Connexions, L’or et la poussière, On tombe, Plus les mêmes, Un désir) pour son album « De lave et de sève ». Aviez vous déjà travaillé avec Elsa? Comment s’est passée cette rencontre? Est-ce vous qui lui avez proposé vos textes?

J’ai travaillé avec Elsa à l’époque où elle avait fait des maquettes très avancées pour un projet plutôt électro qui n’a pas abouti car elle avait de sérieux soucis avec sa maison de disques. Cela s’est fait ensuite très naturellement car nous nous connaissons bien. Elle apprécie mon écriture, même si je ne lui ai jamais encore proposé de textes. C’est elle qui m’a offert la chance de travailler avec elle. Elle se reconnaît dans ce que je lui propose. C’est très agréable d’œuvrer pour elle. Elle est extrêmement professionnelle.

Actuellement, est-ce que vous avez des projets d’écritures pour d’autres artistes? Allez vous travailler sur le nouvel album d’Elsa?

Elsa m’a effectivement sollicité pour son prochain opus qui est en préparation, et j’en ai été très touché car je pense qu’elle n’a vraiment plus besoin de personne pour s’exprimer. Je l’ai toujours encouragé en ce sens. On verra bien ce qu’il en reste au final car les labels font leur propre sauce et hélas l’artiste n’a pas toujours le dernier mot. A part ça, oui j’ai toujours des trucs « sur le feu » mais je suis un peu en marge du métier donc rien n’est simple…

Elsa Aimeriez-vous écrire pour un artiste en particulier?

Je ne peux en citer un en particulier, mais en vrac j’adorerais travailler pour Etienne Daho (qui d’ailleurs se débrouille très bien tout seul !), Stéphane Eicher, Salvador, Françoise Hardy et Jane B. Des gens très différents en fait, mais dont j’apprécie les univers. Que des débutants quoi ! Sans oublier qui vous savez !

Est-ce le métier que vous rêviez de faire lorsque vous étiez jeune?

Tu parles ! Je rêvais d’être astronaute ! Et « j’en rêve encore » !

Quel conseil donneriez vous à un jeune auteur qui débute aujourd’hui?

D’avoir un autre métier pour vivre! A part ça, l’idéal est vraiment d’être aussi compositeur ou au moins de travailler avec quelques amis musiciens. Sinon c’est très difficile et très frustrant car on dépend des projets et du bon vouloir des uns et des autres. D’autant que les labels attendent souvent des maquettes déjà très produites.

Est-ce que vous composez également? Jouez vous d’un instrument de musique?

Je n’ai pas vraiment ce talent hélas… Je ne suis qu’un guitariste du dimanche ou des jours fériés ! Par ailleurs j’ai une passion pour les claviers analogiques vintage.

Vivez-vous de vos droits d’auteur?

Absolument pas ! Il faut être un faiseur de tubes pour ça ! Les passages radio comptent beaucoup dans cette histoire. Ils font la pluie et le beau temps depuis toujours. Ou bien il faut tourner sans arrêt mais pour ça il faut des moyens. Et pour ça, il faut des passages radios. C’est le serpent qui se mord la queue…

En tant qu’auteur, quel est votre point de vue sur la loi DADVSI?

Elsa C’est une régression. Cette loi est surtout répressive. Internet était un des derniers espaces de liberté et on cherche à le rogner pour des raisons mercantiles. Le système est très ambigu : d’une part on nous incite à consommer toujours plus de matériel performant et d’autre part on essaie de nous en restreindre l’usage. On voudrait nous réduire à des vaches à lait. Les internautes, c'est-à-dire nous autres, ont bon dos. On serait d’après les majors d’affreux pirates. Personnellement je n’ai jamais cherché à télécharger quoi que ce soit illégalement et je trouve intéressant de pouvoir avoir accès à toute sorte de document via le net. Au bout du compte, la curiosité est toujours payante car, par exemple, quand on découvre par ce biais le travail d’un artiste, on peut avoir envie ensuite d’acheter ses disques et d’aller à ses concerts. De savantes recherches sur ce sujet tendent à le démontrer : vouloir mettre en parallèle la crise du disque et le développement d’Internet en le rendant responsable de cet état de fait est une fausse piste, bien pratique pour les maisons de disques car cela leur évite de se poser les bonnes questions. Notamment sur la qualité de ce qu’elles ont à nous proposer et sur le peu de sérieux avec lequel elles s’investissent dans le suivi de certains artistes. « Star Ac’ si tu nous regarde… » !

Les auteurs qui ne sont pas interprètes ne sont que très peu médiatisés, est-ce un handicap dans votre travail?

Pas vraiment, même s’il est plus facile de se faire un nom dans la lumière. Etre artiste est une autre vocation. Mais dans la mesure où par définition un auteur travaille surtout dans l’ombre, ce n’est pas un problème. C’est pour la plupart un choix. La notoriété c’est bien mais ça n’a jamais aidé à écrire.

Etes-vous heureux de votre parcours? Que peut-on vous souhaiter pour la suite?

Cette activité reste encore nouvelle pour moi, je suis donc loin encore de l’heure des bilans ! Des souhaits? Avoir envie de continuer déjà, et puis réussir à offrir de bonnes chansons et contribuer à la reconnaissance d’artistes de talent.

Je vous remercie du temps que vous m’avez accordez pour cette interview.

Merci Magaly et bravo pour ce site.

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